Aron, le 20 mai 2022
Objet : Inventaire indépendant des chemins avec Ekosentia
Monsieur le Maire, Mesdames les Conseillères et Messieurs les Conseillers municipaux,
Par un courrier en date du 7 mai 2022, vous nous avez adressé par voie postale un courrier nous reprochant « des agissements qui vont à l’encontre de la loi, générant un trouble à l’ordre public » en lien avec l’inventaire des chemins.
Nous réfutons cette interprétation des choses qui s’apparente à un procès de mauvaise intention à l’encontre de l’association CNParonnais et constitue par ailleurs un très mauvais message à l’encontre du bénévolat citoyen à l’avenir.
Nous tenons à vous rappeler que la mairie est Maître d’Ouvrage de cette opération via la convention signée avec Ekosentia et aussi via son appel à volontariat paru dans la presse.
La démarche étant participative, l’association CNParonnais s’est associée à cette opération vertueuse en étant proactive pour recruter des volontaires dont d’ailleurs certains ne sont pas adhérant à l’association. Cependant nous défendons la bonne foi de chacun des bénévoles présents, y compris l’adjoint au maire en charge du projet, avec qui nous avons passé les 2 jours d’inventaire et dont le professionnalisme est irréprochable.
Au départ de chacune des 2 journées d’inventaire, les consignes de ne pas s’introduire dans les propriétés privées ont bien été passées par toutes les parties prenantes et entendues par tous.
Nous ne réfutons pas qu’il puisse y avoir eu des écarts d’interprétation entre les plans et le terrain, même avec la cartographie du cadastre en main, du fait du manque de repères, de la disparition totale ou partielle de certains chemins ou de difficultés d’accès à certains segments à inventorier.
Certains propriétaires ou agriculteurs ont accompagné cordialement cette recherche en donnant des indications aux bénévoles concernant leur terrain et l’emplacement de chemins partiellement ou totalement intégrés aux parcelles.
Seule une infime minorité de personnes, dans de rares cas, se sont placés en observateurs et ne sont intervenus que pour agresser verbalement certains bénévoles égarés dans un champ avec la carte en main, en indiquant qu’ils venaient de violer leur propriété privée : leur champ – pas leur jardin ni leur maison et encore moins leur bâtiment d’exploitation.
A aucun moment, ni dans aucun de nos écrits, nous ne revendiquons le passage délibéré ou visant à nuire sur des terrains privés et confirmons bien sûr le principe que la loi doit également s’appliquer à tous.
Ce procès de mauvaise intention n’est pas acceptable ni à l’encontre des bénévoles, ni à l’encontre de votre adjoint en charge de l’inventaire ni à l’encontre de notre association.
En pratique rien n’est évident : un chemin public encore visible avec ses talus et quelques arbres mais intégré dans un champ à cause d’une disparition de clôture ou via un talus abattu est-il privé ou public ?
Tout le monde n’a pas le même point de vue et il y a certainement des zones grises liées à l’histoire du remembrement des années 70-80.
En tous cas, force est de constater sur le terrain après seulement 2 jours d’inventaire, qu’il y aurait probablement entre 1/3 et la moitié des chemins publics de la commune intégrés totalement ou partiellement dans des champs.
Pourtant, à ce jour, sans justification légale, le cadastre constitue la vérité des propriétés dans le droit français.
Cet inventaire objectif et indépendant avec Ekosentia, neutre par définition, constitue la seule opportunité pour corriger la situation actuelle de très forte confusion sur le terrain entre propriété privée et propriété publique aliénée sans actualisation du cadastre.
Nous n’allons pas paraphraser l’approche que nous défendons à cet égard puisqu’elle ne varie pas, qu’elle est accessible sur notre site internet. Elle a d’ailleurs été partagée lors de la dernière réunion du conseil municipal.
En revanche, dans ce contexte actuel, nous souhaitons verser d’autres arguments au débat.
Peut-on d’ailleurs encore parler de débat étant donné l’intervention de totale fermeture de certains agriculteurs qui refusent l’idée même d’un inventaire indépendant ?
Nous comprenons que ce sujet des chemins soulève de l’inquiétude chez les agriculteurs concernés qui se sentent « de plus en plus mal aimés » et parfois en dehors des débats de société.
En tant que descendants de première génération d’agriculteurs, nous sommes respectueux des agriculteurs actuels qui exercent une profession difficile. Nous savons combien ils travaillent beaucoup et dur, dans un contexte économique toujours mouvant et incertain, avec un modèle général qui tend à être remis en cause.
En aucun cas, nous ne souhaitons nuire au milieu agricole comme il nous a été ouvertement reproché.
Nous pensons que ceux qui nous accusent de nuisance se trompent d’adversaires. Ce n’est pas la question des chemins ruraux qui est à l’origine des difficultés de l’agriculture et de l’adaptation constante du système agricole et des prix.
La cible de proximité que constitue notre association CNParonnais est la plus facile. Elle ne doit pas servir d’exutoire.
Ce débat ne doit pas se laisser enfermer dans une opposition Agriculteurs Versus Non- agriculteurs, Citadins, Néoruraux et autres bobos … dans une grossière caricature.
Au-delà de la caricature, nous refusons la position extrémiste, de quelques personnes en particulier qui cherchent à « braquer » le maximum d’agriculteurs contre nous, en nous provocant par des « fake news », des attaques personnelles, en nous insultant et en déversant publiquement des paroles de haine et des menaces si nous poursuivons notre démarche – comme ce fut le cas pendant et en marge de la réunion du conseil municipal du 12 mai. Ces faits destinés à nous faire peur ont d’ailleurs été relevés et relatés aux autorités comme il se doit.
Les propos inacceptables comme « on va sortir le fusil » proférée en pleine réunion du conseil municipal le 12 mai – et non recadrés – n’ont pas leur place dans un débat citoyen et démocratique.
Aucun débat, fusse-t-il difficile, ne mérite d’être instrumentalisé ni être abandonné pour « calmer le jeu » sous l’influence d’attitudes ou de propos déplacés au motif d’une atteinte à l’ordre public.
Cette approche plus que menaçante couplée à une certaine mansuétude serait contreproductive et déconnecterait encore un peu plus les élus des citoyens.
La position de la municipalité doit être impartiale, juste et ferme dans l’application de la loi.
Le maire est l’autorité de police administrative de la commune. Il possède des pouvoirs de police générale.
Nous avons signalé en mairie, en mai 2021, photo à l’appui jointe à ce courrier, que le chemin rural des Viardières, à environ 200m de la ferme du même nom, classé au PDIPR (Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnée) avait été volontairement barré par la création d’un talus en travers, lui-même recouvert de branchages pour dissuader toute velléité de passage de randonneurs.
Cette situation est illégale. Aucune disposition n’a été prise à date pour libérer la randonnée sur ce chemin.
Nous vous avons signalé verbalement en début avril 2022 une situation nouvelle, survenue dans les mois passés sur le chemin du Rocher à proximité de la ferme du Grand Messé. Il s’agit une atteinte à l’environnement avec plusieurs déversements de déchets de charpente et de 2 bidons métalliques de 200l rouillés et remplis de restes de combustion de produits chimiques prohibés, notamment des médicaments vétérinaires.
Ce dépôt illégal de déchets a été complété, en bas du chemin, par un dépôt de branchages et d’épines pour bloquer tout passage de randonneurs alors qu’il y avait bien des traces d’usage de ce chemin en 2021.
Cette situation d’atteinte à l’environnement est condamnable. Aucune disposition n’a été prise à date par la municipalité comme l’atteste la photo jointe datant de cette semaine.
Nous pourrions poursuivre cette liste en citant le chemin des Fourmières équipé d’une barrière métallique par la commune et dont l’accès est « privatisé » par la pose d’une chaine et un cadenas. Ceci a pour conséquence que seuls les randonneurs « informés » osent contourner cette barrière. Les randonneurs ou VVtistes occasionnels viennent aux Fourmières pour poser des questions ou font simplement demi-tour pour éviter tout problème puisque le symbole de la barrière est très dissuasif.
…Ou encore le chemin creux de St Fiacre, sans fossés et naturellement inondable l’hiver, qui est devenu le réceptacle d’un dispositif qui ressemble fort à un exutoire de drain ou autre évacuation d’eau générant un écoulement permanent y compris en cette période de stress hydrique inondant en permanence le chemin.
En conclusion et en synthèse,
Nous pensons que la mise en cause de l’ordre public n’est imputable ni aux bénévoles, ni à CNParonnais, ni au sujet des chemins lui-même, et encore moins à la méthodologie d’’inventaire écologique d’Ekosentia.
Nous n’avons pas pour objectif de devenir des justiciers pas plus que des lanceurs d’alertes victimes d’intimidations et de menaces.
Nous pensons que les 1800 habitants d’Aron et usagers potentiels des chemins ont aussi leur mot à dire pour peu qu’on les consulte – tout autant que les 25 agriculteurs de la commune et les autres riverains d’ailleurs.
Personne ne devrait revendiquer le monopole du devenir de ce bien commun chargé d’histoire de nos anciens, devenu essentiel pour la biodiversité et constituant un paysage de qualité.
L’approche de concertation que nous proposons est viable. Elle est réalisable à l’instar d’autres communes qui l’ont engagé courageusement, comme notamment 8 communes autour de Champfrémont qui se projettent dans la définition du « monde d’après ».
Nous ne souhaitons pas laisser notre commune d’Aron endosser une image de fermeture, recluse sur elle-même, alors que le tissu associatif est remarquable et fort, alors que nous recherchons du personnel soignant …
Les chemins de randonnée font partie intégrante du cadre d’accueil. Et la dynamique d’une commune passe aussi par le vivre ensemble, les animations et l’ambiance qui sont menées et encouragées par les élus.
Nous ne devons pas avoir peur de changer de paradigme sur ce sujet, car c’est le sens de l’histoire et cela répond à une demande sociétale comme d’ailleurs en témoignent de nombreux articles dans les médias.
Nous savons à quel point vous êtes engagés pour le bien et le devenir commun des citoyens d’Aron, en consacrant énormément de votre temps pour la commune et nous vous en sommes reconnaissants.
Nous ne voulons en aucun cas prendre la posture de « donneurs de leçon » mais nous ne pouvons pas non plus faire évoluer les choses sans les nommer. Même – et surtout – les sujets tabous doivent pouvoir être débattus.
Il y va de votre responsabilité d’élus en charge de la gouvernance ; travaillons tous ensemble pour que le fort potentiel de notre commune d’ARON puisse s’exprimer et enfin, être reconnu.
Sincères salutations
Dominique CHEVALLIER – Sandrine FORET Co-présidents
Email : chemin.nature.patrimoine.aronnais@gmail.com
Site Internet : cheminspatrimoine-aron.fr
www.facebook.com/cheminsaronnais
Pièces jointes – 1
Chemin des Viardières
Pièces jointes – 2
Chemin du Rocher